Mère-patrie : la Hongrie. Je suis née à Budapest. J'ai eu une enfance heureuse. J'ai été Petit
Tambour, puis Petit Pionnier, j'ai eu ma Jeunesse Communiste. Du rouge autour du cou.
Puis le pain noir de l'exil. L'encre noire des livres. La France m'a offert l'asile politique, je lui ai pris
sa langue. Telle est mon histoire intime.
Je n'ai pas d'autre histoire que celle-ci : j'ai appris le français, je veux écrire le plus beau français du
moment.
Dans mon passeport, on lit : Nationalité Française / French Nationality. Je n'ai pas d'autre
nationalité, pas la double nationalité, pas d'autre passeport. La Hongrie, c'était la mère-patrie, je suis orpheline de mère, de père, de patrie. Je suis française sur le papier : les papiers officiels et les livres, les miens. Quant à l'accent, bon, l'accent est tenace, j'avais 22 ans en arrivant ici. Ce qui fait qu'au moment d'écrire Comme deux cerises, livre double, j'ai vécu une moitié de ma vie en Hongrie, une moitié en France.
Double-vie : collection Vice-verso. Je suis (étais) aussi interprète, notamment pour le Ministère de
la Défense. Comme deux cerises se souvient des débuts de l'aviation et du tremblement de terre de 1909 à Salon-de-Provence, en l'écrivant, je me suis souvenu de mes déplacements à bord d'avions militaires à Salon, la base aérienne, le Commandement de l'Ecole de l'Air.
Double-vie : écrit/oral. Quand j'écris, je n'ai pas d'accent. Quand je parle... (je l'ai déjà dit). L'oral,
c'est sur France Culture, l'émission La suite dans les idées, deux participations par mois en moyenne. Il m'arrive d'être une sacrée peau de vache en tant que critique. Mais c'est parce que j'ai une exigence énorme envers la littérature, en particulier la littérature française. La France, moi, je l'ai choisie, ce n'est tout de même pas pareil que d'y être simplement né, elle ne doit pas me décevoir, j'ai soif et faim de sa lumière, de sa beauté, de son intelligence, sinon, je meurs d'inanition.
Bien avant d'écrire des livres, j'ai fait un peu d'études de psychologie et de philosophie (juste une
licence de chaque), j'ai travaillé au Journal Littéraire, aux Nouveaux Cahiers de l'Est, à l'Autre Journal. Je vis dans les Yvelines. Je crois que c'est à peu près tout.
Eva Almassy
V.O., Gallimard 1997
Tous les jours, Gallimard, 1999
Comme deux cerises, Stock, 2001
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